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Entretien avec Laurent Dumas

Publié le 17 novembre 2023 | Économie

À mi-mandat, Laurent Dumas, président de la communauté de communes du pays de Saint-Eloy, dresse un premier bilan des actions menées sur le territoire. Optimiste, il sait aussi qu’il reste du pain sur la planche.

À mi-mandat, quelle sensation générale sur le chemin parcouru ?

Laurent Dumas : Pas facile de prendre du recul tellement on a la tête dans le guidon, tellement certains sujets nous occupent, me préoccupent. Le premier travail a été de créer du lien pour créer cet esprit communautaire qui me tenait à cœur, pour que les élus se sentent impliqués. Nous avons constitué un exécutif paritaire où chaque commune est équitablement représentée. L’idée était d’insister sur tout ce que la Com’Com pouvait apporter aux communes dans la réalisation de projets qu’elles ne pouvaient pas porter seules. Pour la population, afin
de revaloriser notre image, nous avons déjà beaucoup avancé sur le plan de l’identification graphique des lieux communautaires. De ce point de vue, le pari est plutôt réussi.

Une parité au sein de l’exécutif symbolisée aujourd’hui par une Première Vice-Présidente ?

L.D. : Oui, Karine Bournat-Gonzalez a succédé à ce poste à Antony Palermo très impliqué dans les questions économiques et éloysiennes. Et la deuxième partie de mandat va nécessiter un engagement fort de chacun.

La Lanterne, la Maison de l’Entrepreneur, Micro-folie… Beaucoup de concret déjà réalisé ?

L.D. : Beaucoup de projets étaient dans les cartons mais aucun n’arrivait à sortir vraiment. La Lanterne, siège de la communauté de communes, offre un outil de travail digne de ce nom à l’ensemble des équipes. Les projets de Micro-Folie ou de la via-ferrata d’ailleurs avaient été mis en route par l’ancienne équipe. Nous avons fait en sorte de faire éclore ce qui était en jachère. Quant à Micro-Folie, ce musée numérique trouve peu à peu son public.

La com’com a aussi planché sur de développement de projets économiques et industriels ?

L.D. : En concertation avec le Conseil, nous avons travaillé avec des porteurs de projets, en veillant à démontrer combien nous pouvions être attractifs. Quatre entrepreneurs sont venus devant le Conseil communautaire exposer leurs projets — photovoltaïque à Vergheas, éolien à Lapeyrouse, usine de production d’hydrogène et développement au sein de Rockwool à Saint-Eloy — et tous ont reçu l’aval du Conseil. Il reste à savoir désormais s’ils vont nous choisir. Ces projets pourraient générer jusqu’à une cinquantaine d’emplois ainsi que des recettes fiscales intéressantes avec l’IFER (Imposition Forfaitaire sur les Entreprises de Réseaux) pour la Communauté mais aussi les communes concernées. Cela montre aussi que même la plus petite commune du territoire — Vergheas — peut prétendre accueillir un projet d’envergure.

OPAH, urbanisme, Petites villes de demain… Où en sont ces opérations ?

L.D. : Cette opération d’amélioration de l’habitat à l’échelle communautaire (OPAH) était une extension de l’opération menée avant la fusion territoriale. C’est un succès. Les montants des travaux sont planifiés — isolation et accessibilité pour la majorité — à hauteur de 9 millions d’euros sur les cinq ans à venir ! En 2023, les objectifs ont été atteints dès le milieu de l’année… Nous sommes un peu victime du succès de l’opération qui sera bien prolongée chaque année. Le dossier Petites villes de demain concerne les communes de Pionsat, Saint-Eloy et Saint-Gervais et chaque commune mène actuellement son projet de bourg. La difficulté, c’est que les aides financières de l’Etat concernent les missions d’ingénierie, pour imaginer les projets,
mais pas leur réalisation lors de la phase travaux. Alors quand l’argent manque, la frustration grandit.

La communauté de communes a pris aussi de nouvelles compétences avec l’eau et l’environnement ?

L.D. : En réalité, c’est le législateur qui a voté que la compétence eau et assainissement reviendrait aux communautés de communes en 1 er janvier 2026.

Comment est gérée l’eau actuellement ?

L.D. : Onze communes avaient fait le choix de gérer leur eau en régie, 22 sont adhérentes au syndicat Sioule et Morge, et une — Pionsat — avait opté pour un affermage, délégation de service public. Cela se passe plutôt bien même si, bien sûr, la question de la ressource en eau se pose pour les années futures. Mais plutôt que d’entrer en résistance ou de faire l’autruche, ma stratégie est de travailler en amont pour être prêt à cette date pour exercer cette compétence comme l’exige désormais la loi. Dans cet esprit, nous avons pris le problème à bras le corps.

C’est-à-dire ?

L.D. : On a fait un état des lieux pour connaitre l’état des réseaux, les tarifs de l’eau… Un inventaire complet pour une vision précise de la situation, qui nous permet aujourd’hui de travailler sereinement sur le mode de gouvernance pour l’avenir, notamment pour les 12 communes ne relevant pas de Sioule et Morge : fonctionner en régie communautaire avec un réseaux d’eau beaucoup plus important nécessitant des règles de marché plus contraignantes ? Ou rejoindre le syndicat ?

Et pour le volet assainissement ?

L.D. : C’est encore plus complexe. Concernant l’assainissement collectif, certaines stations d’épuration sont sous-dimensionnées et /ou nécessitent des frais d’investissement et d’entretien très importants. D’où l’importance d’anticiper.
Pour le non collectif, la loi encadre les choses. Les contrôles à domicile génèrent un rapport et c’est aux particuliers de se mettre en conformité avec la réglementation en vigueur. Pour cela, des aides existent, jusqu’à 80% du montant des travaux. Chaque maire a une vision précise de la situation et c’est à lui de faire respecter la loi dans un délai d’un an. Quand la pollution est avérée, générant des problèmes sanitaires, la loi impose des mises en demeure d’effectuer les travaux dans un délai d’un mois.

La crise actuelle plombe le pouvoir d’achat de tous. Comment la com’com’ peut-elle intervenir ?

L.D. : Durant les trois premières années — et la question s’est posée car notre coefficient d’auto-financement (CAF) était insuffisant par rapport à nos investissements —, nous n’avons procédé à aucune augmentation des taux d’imposition en direction des habitants. Et cela grâce à l’effort collectif des communes qui ont accepté l’idée de participer équitablement à l’effort financier
communautaire pour gonfler notre budget de 170000€.
Autre effort pour les particuliers, la poursuite de l’opération du chèque local dès la fin novembre. Les chèques seront de 5€ au lieu de 10€ mais nous produirons 6000 chèques au lieu de 3000. Pour acquérir un chèque de 5€, le particulier déboursera 3€, la communauté de communes financera les 2€ restants. C’est un vrai boost de pouvoir d’achat pour accompagner une économie très locale.

Parmi les difficultés récurrentes sur le territoire, la gestion des Ehpad… Quel est le problème ?

L.D. : C’est pour nous le gros point noir, une très grande préoccupation car nous touchons principalement à l’humain. Nos Ehpad affichent complet, signe qu’ils répondent à un besoin. Mais la gestion des Ehpad par la communauté de communes repose sur les tutelles que sont le Conseil départemental (hébergement) et l’ARS (soins). Ces tutelles fixent les règles et allouent les finances nécessaires pour répondre à un besoin de fonctionnement selon un état des lieux — la coupe Pathos — effectué en 2014… En neuf-ans, les besoins des résidents ont considérablement
évolué, pas les dotations. La fatigue ambiante générant les arrêts maladie nous obligent à avoir recours à l’intérim : un gouffre financier qui n’est pas pris en charge par les tutelles. Aujourd’hui dans ces conditions, il n’est pas possible d’offrir une prestation satisfaisante pour nos résidents ce qui n’est pas acceptable. Le point positif, c’est qu’une nouvelle coupe Pathos a eu lieu en mai dernier ce qui devrait nous permettre de bénéficier de moyens supplémentaires dès 2024.

Qui dit mi-mandat dit qu’il reste encore la moitié d’un mandat… Quelles perspectives ?

L.D. : Beaucoup de choses fonctionnent bien, il faut donc les consolider : je pense à la médiathèque, à Micro-Folie, à la saison culturelle… Mais on a encore beaucoup de projets dans les domaines enfance-jeunesse, urbanisme, économiques… Nous devons être offensifs, participer à des salons professionnels, montrer notre capacité à accueillir des projets. Nous devons aussi faire preuve d’audace et d’imagination : sur les questions de mobilité, nous voulons expérimenter l’autopartage avec des lieux de rendez-vous entre automobilistes et piétons en mal de transport. Cette solidarité spontanée doit être travaillée, elle est capitale sur un territoire comme le nôtre. Cultiver cet esprit communautaire montrera que le territoire de Saint-Eloy n’est pas vieillissant mais attractif. Un territoire d’avenir qui va de l’avant.

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